Les 5 plus gros échecs qui m'ont appris à mieux entreprendre
Article publié le 04/03/2020, dernière mise à jour le 22/10/2024
En 2021, je fêterai les 10 ans de mes premières lignes de code misent en ligne sur le web, alors quoi de mieux pour fêter ça qu'une petite rétrospective de mes projets ratés ?
L'écosystème entrepreneurial nous rabâche (un peu trop) que l'on doit "rebondir" de ses échecs, que c'est la culture startup et qu'il faut suffisamment échouer avant de réussir. Comme d'habitude, c'est un conseil bien plus facile à donner qu'à mettre en pratique soi-même... Mais voici mes 5 plus gros échecs dans le numérique de ces 10 dernières années :
2011 - Robotschool
ou l'idée reçu que la rédaction de contenu est simple et rapide.
A l'époque du lycée, je passais une bonne partie de mon temps libre sur Le Site Du Zéro (désormais OpenClassrooms) à découvrir les tutoriels de développement web si bien rédigés (merci @MathieuNebra). Le problème était que ma curiosité ne s'arrêtait pas à la programmation : électronique, mécanique, musique... j'avais soif de tout apprendre. Malheureusement je ne trouvais aucune plateforme regroupant des tutoriels sur toutes ces thématiques et aussi bien écrits que ceux du SdZ, j'ai donc décidé de tenter ma chance. A la fin du lycée, je lançais Robotschool ma première plateforme web.
Après plusieurs mois de développement (j'apprenais le code en autodidacte à l'époque) et un design très approximatif (j'apprenais aussi Photoshop en autodidacte) arrivait enfin à l'étape de rédaction des premiers tutoriels. J'avais un plan : Trouver plusieurs tutoriels sur un même sujet, les suivre et les assimiler, les synthétiser en un contenu clair et précis pour enfin mettre en forme le contenu final. La méthodologie me paraissait simple mais... Quelle erreur !
Après avoir passé plusieurs longues semaines à écrire 3 tutoriels d'assez moyenne qualité, je décidais de tout arrêter, me rendant compte de ma naïveté quant à la rédaction de contenu en grande quantité sur internet.
Rédiger du contenu est un métier, ou du moins une passion qu'il faut avoir pour passer des heures entières (parfois des jours) pour tenir un blog, une newsletter ou des tutoriels. La création de contenu peut s'avérer très vite démotivante, surtout si elle devient quotidienne, et c'est une problématique que l'on retrouve chez certaines entreprises aujourd'hui qui montent un blog et le laisse à l'abandon en quelques semaines !
En bonus : mon entourage de l'époque avait décidé, pour me soutenir, de cliquer sur les publicités du site afin de générer un peu plus de revenu, chose que Google a détecté comme une fraude et qui a fait bannir mon compte AdSense à vie !
2012 - RPG Facts
ou la fausse bonne idée du contenu généré par les utilisateurs.
Si créer massivement du contenu n'était pas fait pour moi, peut-être que motiver une communauté à en produire de manière autonome était la solution ? C'est de cette réflexion et de ma passion de l'époque pour le jeu de rôle sur table qu'est née la plateforme RPG Facts.
En 2012, le site viedemerde.fr comptabilise plus de 4 millions de visiteurs par mois, la communauté est très active, elle créé le contenu et modère les nouveaux posts, la plateforme tourne en autonomie, le rêve.
Ce que j'ignorais à l'époque, c'est que le fameux VDM était né comme un simple blog entre amis, et que la plateforme telle que je la connaissais était venue bien plus tard, ce qui aurait pu m'économiser plusieurs semaines de développement.
De mon côté, je lançais le site avec toutes ses fonctionnalités (inscription, publication, modération, vote...) aggrémenté de quelques histoires déjà écrites avant de me rendre compte que même si ma cible utilisateur adorait partager ses histoires, les récits étaient très longs et les rôlistes préféraient les partager à l'oral plutôt que de passer des heures à les mettre par écrit.
En résumé, j'avais une communauté prête à "consommer" du contenu, mais trop peu motivée à "créer" ce même contenu, c'est ce que j'appelle une communauté "désynchronisée".
En bonus : C'était la deuxième fois que je perdais des semaines de travail à monter une plateforme complète sans avoir sondé le marché. Ce n'est qu'un peu plus tard que je découvre l'intérêt de créer un MVP (Minimum Viable Product) au travers du best-seller "The Lean Startup" par Eric Ries.
2014 - Eurekube
ou quand les clients existent mais ne sont pas prêts à payer.
L'idée d'arriver à résoudre des problèmes en utilisant la puissance de réflexion d'une communauté entière m'a toujours fasciné, et ce notamment depuis la découverte de l'initiative reCAPTCHA : un système de blocage de bots sur internet permettant par la même occasion de numériser les archives du New York Times.
C'est ce que l'on appelle du crowdsourcing.
Pendant mon master à l'université de Nantes, et après avoir suivi des cours sur la création d'entreprise pendant plusieurs mois, je lance "Eurekube", un nouveau projet qui permet aux petites entreprises de trouver des solutions à leurs problématiques grâce aux propositions de la communauté ; l'idée étant, à terme, d'arriver à fournir un complément de revenu aux membres les plus actifs et proposant les meilleurs solutions.
Pourquoi viser les petites entreprises ? Parce que quelques concurrents étaient déjà positionnés sur les grands comptes et que le processus de rédaction des solutions pour les grosses entreprises étaient trop fastidieux pour en faire une application simple, dynamique et attractive.
Le concept ayant commencé par un MVP sous la forme d'une page facebook rassemblant une communauté de 400 étudiants, j'avais enfin réussi à créer un concept générant du chiffre d'affaire, mais quel chiffre d'affaire ?
Parmi mes 3 premiers clients : Un bar, un camion à pizza (oui oui.) et une convention de vidéastes amateurs, le chiffre d'affaires total s'élevait à 30€ et 3 places gratuites pour entrer à la convention. Après plusieurs semaines de prospection acharnée le constat était clair : la communauté était intéressée par ce type de projet, les entreprises aussi étaient intéressées afin de gagner un peu de visibilité locale mais elles n'étaient absolument pas prêtes à payer pour ce type de service, et certainement pas assez pour faire vivre une plateforme comme celle-ci.
2015 - Peetch
ou l'art de savoir dire stop.
Il existe des aventures qui sont si belles et si compliquées à la fois qu'il est difficile d'en parler comme d'une erreur que l'on aurait aimé éviter, et ce projet en fait partie.
Peetch voit le jour en Mars 2015 suite à un Startup Weekend où notre équipe de sept personnes et notre application de création d'histoires collaboratives remportent le premier prix parmi tous les projets.
Pendant 3 ans, le projet nous aura fait vivre des expériences incroyables comme la rencontre avec Sébastien Forest (fondateur d'Allo Resto) notre business angel et mentor pour qui j'ai encore aujourd'hui une admiration toute particulière, notre participation à l'European Innovation Academy qui rassemble 600 entrepreneurs venant du monde entier, l'intégration du Centech (un des meilleurs incubateur au monde) ainsi que la possibilité d'aller pitcher notre projet au StartupFest à Montréal.
Tout celà a été rendu possible par un travail acharné de toute l'équipe pendant des mois entiers et le produit que nous avions fabriqué avait vraiment séduit nos utilisateurs, mais dès les premiers mois de vie du projet, une problématique était tapie dans l'ombre et allait faire éclater le projet en milles-morceaux.
L'attitude d'une des personnes de l'équipe fondatrice, déjà à l'origine de plusieurs crises ayant risqué la vie du projet était devenu complètement incompatible avec le reste de l'équipe, créant conflits, décisions unilatérales et perte de motivation pour la majorité d'entre-nous.
Il est difficile de dire aujourd'hui que d'écarter cette personne du projet dès le début nous aurait permis d'aller plus loin dans cette aventure, ou même de vivre de telles expériences, mais je sais à présent que si l'une des personnes de l'équipe n'est pas en phase avec le reste des membres, il faut prendre une décision le plus rapidement possible, le risque étant de voir le projet mourir à petit feu.
À noter que plus de 20% des startups échouent à cause d'un problème d'équipe !
2018 - Kalico
ou l'histoire des chiffres qui trompent.
En 2016, alors que Facebook Messenger évolue, je découvre un nouveau buzzword : les chatbots. Passionné par tout ce qui gravite autour des robots et de l'automatisation, je me lance dans cette nouvelle expérimentation et développe en quelques jours l'ébauche d'un assistant personnel pour le shopping de produits high-tech.
Retenu par d'autres projets plus importants, je laisse mon assistant de côté pendant de nombreux mois, tout en remarquant que quelques curieux continuent à lui demander conseil.
En 2018, retrouvant un peu de temps pour expérimenter, je reprends le projet à zéro et lui donne une nouvelle identité, de nouveaux produits (les smartphones) et surtout une nouvelle plateforme : une application web dédiée. La beta est prête en deux semaines chrono et je décide de le jeter dans les griffes de la communauté à l'affut de toutes les nouvelles application : ProductHunt.
En une semaine, Kalico atteint les 500 premiers utilisateurs venant de 20 pays différents, le tout avec un taux de complétion du parcours avoisinant les 70%.
Toutes les conditions semblaient être réunies pour que l'application aient du succès, et pourtant après la première semaine, le nombre d'utilisateurs quotidien se mit à baisser sans jamais s'arrêter. Mais pourquoi ?
Notre erreur a été de se baser sur les chiffres et les retours du lancement pour le reste du projet, toutes nos décisions suivantes ont été faussées et nous avons suivies de mauvaises pistes. Nous pensions être alignés avec notre marché et nos utilisateurs, tandis que nous avions finalement regardé les chiffres qui nous confortaient le plus dans nos idées.
Les chiffres étaient très bons, mais ils étaient très bons grâce à la visibilité qu'avait donné Product Hunt au produit et, même si le taux de complétion était très satisfaisant, il l'était sur une catégorie d'utilisateurs habituée à tester des applications, tandis qu'au contraire, le but de Kalico était d'aider les personnes ayant des difficultés avec le numérique pour choisir un smartphone.
Choisissez bien vos KPIs, mais surtout choisissez bien la manière dont vous allez les analyser et pensez à les replacer dans un contexte. Ce n'est pas quand un article sort sur le produit qu'il faut mesurer la traction, c'est lorsqu'il n'y a que les utilisateurs représentatifs de votre communauté pour en parler.
Bien entendu, une seule erreur est rarement la cause de l'échec d'un projet, mais c'est plutôt l'empilement de ces erreurs qui mènent droit dans le mur ! J'ai choisi de vous parler ici des erreurs que j'ai assimilé et que je sais aujourd'hui contourner pour que vous puissiez éviter de les reproduire.
Si vous voulez discuter d'un accompagnement technique et stratégique sur votre projet, lancez-moi un email à nicolas@brondin.com et nous ferons en sorte que vous évitiez un maximum d'erreurs de ce genre ainsi que bien d'autres.
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