Ce que j'ai appris sur la pédagogie à Stanford
Malgré ce que le titre pourrait laisser entendre, je n'ai pas eu la chance d'étudier à Stanford. Je le sais, vous êtes déjà déçu, mais attendez un peu...
Article publié le 09/02/2020, dernière mise à jour le 22/10/2024
Malgré ce que le titre pourrait laisser entendre, je n'ai pas eu la chance d'étudier à Stanford. Je le sais, vous êtes déjà déçu, mais attendez un peu.
Petit rappel : Stanford est l'une des universités les plus prestigieuses aux États-Unis, et notamment en informatique. Quelques projets incroyablement célèbres sont sortis de ses labos comme le réseau Internet ou encore le moteur de recherche Google. Rien que ça.
Mais le saviez-vous ? Comme d'autres universités, Stanford publie certains de ses cours d'informatique en vidéo, en voici quelques-uns.
Il m'arrive régulièrement de suivre certaines de leurs conférences et au fil du temps j'ai commencé à noter quelques idées intéressantes en termes de pédagogie que j'avais envie de vous partager ici.
Le but ici n'est pas de faire une comparaison entre nos universités françaises (dans lesquelles j'ai toujours eu de très bonnes expériences par ailleurs) et les universités américaines, mais simplement de rassembler des idées pour que n'importe qui puisse s'en emparer et les mettre en pratique dans son propre écosystème éducatif.
NB : Certaines de ces idées sont déjà en pratique dans beaucoup d'écoles, mais je préfère enfoncer des portes ouvertes que de les laisser closes à tout jamais.
1 - Des jours de retard autorisés
Chaque élève a la possibilité de rendre un ou plusieurs devoirs/projets en retard sous plusieurs conditions :
Le total des retards ne doit pas excéder 7 jours, ni plus de 3 jours sur le même devoir. Exception faite pour le projet final de la matière qui lui ne pourra pas être rendu en retard.
Ces jours de retards sont censés donner de la flexibilité aux étudiants qui peuvent par exemple prendre un ou plusieurs jours pour donner des conférences ou assister à des évènements en dehors de l'université.
Les étudiants peuvent aussi l'utiliser en cas de maladie ou d'inconfort physique temporaire par exemple.
2 - Questions anonymes
Tout le monde connait la sensation de vouloir poser une question, mais de n'avoir ni le courage de la poser devant tout le monde, ni d'attendre l'enseignant à la fin du cours.
L'université de Stanford a réglé ce problème en mettant en place l'outil "Piazza" permettant notamment de poser des questions de manière anonymes aux intervenants du cours.
Plus de stress, et plus de question sans réponse !
3 - Diffuser des cours sur internet
Si l'on met de côté le côté éthique évident de la diffusion de supports d'apprentissage publique, cette diffusion implique surtout que le professeur (ou formateur) soit très rigoureux sur la préparation du cours car c'est non seulement la réputation de l'établissement qui est en jeu, mais aussi la sienne.
Le deuxième avantage est que le cours présenté doit être accessible à tous, tant sur le fond que sur la forme. (En prenant en compte le niveau du cours bien sûr)
4 - Par les élèves, pour les élèves
Qui de mieux qu'un élève ayant compris un sujet pour l'expliquer et le présenter au reste de la classe (ou à une autre promotion) avec ses mots et ses exemples, souvent plus proches de la réalité des autres élèves
On retrouve parfois cette idée-là à partir du niveau Master, mais je pense qu'il serait utile que cela se généralise à tous les niveaux.
5 - Talk about fun and passion
Bien prendre le temps pour enseigner les rudiments d'une matière est important, mais il ne faut pas négliger le fait de transmettre une passion plutôt que de transmettre une liste brute de connaissances.
Donnez un poisson à un homme et il mangera un jour, apprenez-lui à pêcher et il n'aura plus jamais faim.
N'hésitez pas, par exemple, à raconter des anecdotes intéressantes et drôles liées au sujet du cours, cela transmettra votre passion plus facilement et aidera vos étudiants à se souvenir de vous et de votre cours !
6 - Avoir un code d'honneur
On connait le fameux règlement intérieur présent en entreprise, à l'école ou l'université, mais les grandes universités américaines font en plus signer un code d'honneur de la collaboration.
La différence ? Le règlement vous engage légalement vis-à-vis de l'établissement tandis qu'en signant le code d'honneur vous engagez votre parole envers les autres étudiants à respecter les règles de l´éthique et de la bonne collaboration (ne pas s'approprier ou commercialiser le travail d'autrui, citer toutes les personnes derrière un projet, etc).
À noter que ce n'est pas toujours parfaitement efficace, rappelez-vous l'histoire de la création de Facebook et du code d'honneur de Harvard !
7 - Un projet personnel
Lorsqu'il est question de projet final pour une matière, on retrouve souvent trois types bien distincts : le projet fictif choisi par l'établissement, le projet professionnel en lien avec une entreprise ou le projet personnel.
De ces trois possibilités, le projet personnel est, par expérience, le plus révélateur des compétences, de l'imagination et de l'investissement de l'étudiant.
En ce qui concerne le projet fictif, il est souvent très bien réfléchi en termes de validation des acquis, mais n'a bien souvent aucune application réelle et manque parfois de créativité. La conséquence pour les étudiants est une démotivation rapide et les étudiants hésitent souvent à le présenter dans leur portfolio.
Quant au projet professionnel il arrive bien trop souvent que l’entreprise ne soit pas suffisamment disponible pour répondre aux questions des étudiants, se concluant par un projet ne répondant qu'à moitié aux besoins clients tout en ne couvrant pas l'intégralité des compétences à évaluer.
Aucun commentaire pour l'instant